Aussi bien dans ses pastels que dans ses grandes toiles, la matière est légère, transparente. La structure révélée par de grands aplats est à la fois solide et fluide. Les contours ne sont pas des barrières, ce sont des portes qui s’ouvrent sur la profondeur. La couleur vibre, passant de l’opaque au transparent, du clair éblouissant au sombre le plus profond.
Pour rencontrer la peinture de Stéphane Lesourt, il faut prendre le temps de se laisser imprégner par elle. Au premier regard, on pourrait penser que c’est une peinture abstraite, mais petit à petit apparaissent des silhouettes humaines. Ces personnages sont intemporels, comme surpris dans leur méditation profonde. Ils semblent être notre reflet lointain, ils nous rappellent quelque chose d’oublié, quelque chose d’enfoui en nous.
Ces toiles nous parlent doucement, sans tapage, sans agitation, elles nous invitent au silence. Mais ce silence est plein, comme lorsque l’on retient son souffle. Il nous fait traverser des espaces, des ciels, des mémoires de paysages, suspendus. Il nous fait descendre au fond du temps, à travers des voiles de couleur.
Il faut donc regarder ces peintures sans penser, et se laisser doucement baigner dans cet espace lumineux, et là une voix intérieure nous demande : qu’ai-je oublié de si profond et important que je ne peux nommer ? »
Marie-Hélène Durand Laudet
peintre graveur